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CRA 2019 – Le festival au jour le jour

Cinéma La Pléiade à Cachan

Vendredi 22 novembre – 20h30 – Séance d’ouverture

  • Sega d’Idil Ibrahim, Sénégal – 24 min
  • Mabata Bata de Sol de Carvalho – Mozambique – 74 min

Gérard Najman, président d’Afrique sur Bièvre, déclare ouverte la 13e édition de Ciné Regards Africains. En présentant le très riche programme du week-end à Cachan, il rappelle les objectifs fondateurs de l’association : faire connaître la diversité et la richesse des cinémas du continent africain et encourager leur diffusion, favoriser une approche approfondie des cultures de ces pays en organisant des échanges, à l’issue des projections, avec des professionnels du cinéma spécialisés et les réalisateurs quand ils sont disponibles et qu’ils peuvent obtenir un visa d’entrée en France.
L’intérêt d’AsurB pour les courts métrages se concrétise cette année par la création d’un Prix du public qui sera décerné le 1er décembre à un film en compétition, grâce au généreux soutien de la fondation Mac Millan Stewart.

Sylvie Carat, présidente du Centre culturel de Cachan, est heureuse d’accueillir à la Pléiade, pour sa séance d’ouverture, ce 13e Ciné Regards Africains et remercie l’équipe organisatrice. Edith Pescheux, au nom de la municipalité, souligne combien les thématiques des films sélectionnés sont en accord avec la tradition d’ouverture aux étrangers de la ville de Cachan.

Catherine Ruelle, journaliste  et habituée du festival, fera profiter les spectateurs de sa connaissance approfondie et généreuse des pays d’Afrique, de leurs populations et de leurs productions artistiques.

Sol de Carvalho, le réalisateur du film mozambicain MABATA BATA, n’a pu être présent à la projection mais Catherine, qui le connait bien, a eu avec lui un long entretien téléphonique ces derniers jours. Elle nous transmettra de précieux éclaircissements sur ses intentions. Elle nous offre aussi l’occasion de découvrir une riche interview filmée du grand écrivain Mia Couto – une de ses nouvelles a inspiré le scénario du film – qui traite notamment des rapports entre littérature et cinéma.

Le film très original, d’une profonde poésie, comporte une dimension fantastique et il séduit par la beauté des images, arbres puissants et larges pâturages, un rythme apaisé, un style épuré et une bande-son mystérieuse et évocatrice. On est touché par le destin du jeune berger qui aurait tant voulu aller à l’école. Au delà de la présence, plus suggérée que décrite, d’une guerre civile et des horreurs qui l’accompagnent, le réalisateur réussit à aborder des thèmes universels tout en mettant en scène des rituels animistes profondément ancrés dans la culture mozambicaine.

Ce fut une belle séance de cinéma, dans tous les sens du terme, ouverte par le sensible court métrage sénégalais SEGA.

 

 

Cinéma La Pléiade à Cachan

Samedi 23 novembre

  • 17h30 – Hakkunde (Entre-deux) de Oluseyi Asurf Amuwa -Nigéria – 97 min

C’est du Nigéria que vient, à l’invitation d’Afrique sur Bièvre, Oluseyi Asurf Amuwa, pour présenter son film. Ce jeune réalisateur, souriant et enthousiaste, est un autodidacte déterminé, fou de cinéma. Il est tout aussi déterminé à être utile, grâce à son travail de cinéaste, à la société de son pays.

Conscient de la gravité du chômage qui atteint des taux records au Nigéria (jusqu’à 60%), il veut inciter ses compatriotes à réagir sans se laisser paralyser par la peur, et à explorer toutes les possibilités. C’est ainsi, qu’après avoir fait beaucoup d’efforts pour rassembler des fonds, il est allé tourner au Nord du pays, dans une région désertée par peur de l’insécurité et il y envoie son personnage principal pour tenter de trouver un emploi.

Cette comédie, qui raconte une histoire de réussite économique et amoureuse succédant à de longs déboires grâce au volontarisme du protagoniste, est sympathique dans ses intentions et facile d’accès. Les réponses détaillées de Oluseyi, traduites de l’anglais par Gérard Najman, ont permis de découvrir certaines réalités d’un pays relativement peu connu en France et le public a apprécié.

Entre les deux séances, un savoureux buffet, préparé par des membres de l’association, était proposé au public pour une restauration rapide.

 

 

 

 

 

 

 

 

  • 20h30 – Wrong connection – Madagascar – 16 min

Ce court métrage, parodie rocambolesque de blockbuster à la sauce malgache, est divertissant mais il est également intéressant pour ce qu’il révèle de Madagascar :

Le cinéma, grâce à la commodité des technologies nouvelles et au talent de jeunes réalisateurs, est inventif et vivace. Satirique, ce cinéma sert aussi à dénoncer les dysfonctionnements de la société et la corruption des pouvoirs.

  • La miséricorde de la jungle – Rwanda – 91 min

Avec La miséricorde de la jungle de Joël Karekesi, Etalon d’or au FESPACO 2019, c’est à une autre dimension cinématographique que nous avons affaire. Le réalisateur, invité par Afrique sur Bièvre, était malheureusement retenu à l’étranger ainsi que les deux acteurs principaux. Catherine Ruelle nous a fait l’amitié de se libérer pour venir présenter le film et animer le débat.

La tension était palpable dans la salle, tout au long du parcours de ces deux soldats isolés, perdus dans une jungle inextricable, à la merci des nombreux groupes armés qui sèment la mort dans la région. La densité de la végétation, les jeux de la brume, du soleil et de la pluie, sont superbement restitués à l’image, la belle bande-son contribue à créer une atmosphère menaçante et le spectateur se sent immergé lui aussi au sein de cet univers végétal, à la fois refuge et source de danger.

La violence de la guerre est omniprésente, de façon plus ou moins directe, et Joël Karekesi livre avec ses images, une réflexion sur la cruelle absurdité des conflits qui ravagent le monde. Au cours de leur difficile progression dans la jungle et par la suite, les deux personnages, malgré leur dissemblance, vont peu à peu se découvrir l’un à l’autre, prendre conscience d’une humanité partagée, et avec une grande sobriété de dialogue, faire ressentir au spectateur leurs interrogations sur le sens de la vie et l’absurdité terrible à laquelle ils sont soumis.  Le film dans ses intentions va bien au-delà d’une histoire dramatique et atteint une réelle portée générale sur la condition humaine, avec à la fin une lueur d’espoir.

Les échanges dans la salle, où l’on salue la présence de l’actrice principale du film Félicité d’Alain Gomis, tourneront beaucoup autour des relations entre les deux personnages avec une grande diversité d’interprétations.  Le sentiment dominant reste toutefois l’admiration pour ce film qui a bien mérité l’Etalon d’or au FESPACO et le prix d’interprétation masculine pour Marc Zinga, le sergent Xavier.

 

 

Cinéma La Pléiade à Cachan

Dimanche 24 novembre – 16h

  • Tithes and offerings (La dîme et l’offrande) – Kenya – 16 min

La séance s’ouvre sur un bref court métrage kényan assez cocasse, situé dans le contexte d’ églises évangéliques qui vivent d’escroquerie en abusant de la crédulité des fidèles.

  • Le loup d’or de Balolé- Burkina Faso – 75 min

Aïcha Boro, jeune réalisatrice franco-burkinabè, vient ensuite présenter son remarquable documentaire, Etalon d’or du documentaire au Fespaco 2019, le premier à avoir récompensé une femme réalisatrice.

Le film a été tourné en immersion totale dans l’énorme trou de la carrière de pierre située au centre de Ouagadougou, sans pour autant être connue de la population tant elle est dissimulée par des murs et des montagnes de cailloux. En discutant, sans caméra, avec les ouvriers pendant des jours, la cinéaste a su gagner leur confiance et faire accepter ensuite l’équipe de tournage. Elle a pu ainsi saisir au plus près les conditions de travail des femmes, des enfants et des hommes et leur vie quotidienne dans cette véritable ville de 2500 habitants. Un important travail de montage a fait ressortir des personnages plus marquants, attachants comme les deux jumeaux de 13 ans ou influents dans l’organisation des ouvriers, montré les méthodes de traitement de la pierre, la fatigue et la maladie.et décrit la lutte pour la conquête de salaires moins injustes, payés sans intermédiaires.

Tout cela, Aicha Boro l’explique avec enthousiasme, simplicité et clarté. Elle dit son refus du misérabilisme : elle n’a pas voulu insister sur les dangers et les accidents, sur les rivalités, désaccords et querelles entre les travailleurs et avec les intermédiaires. La portée socioéconomique du documentaire n’en est pas pour autant amoindrie et le film a d’ailleurs un peu fait bouger les choses.

On découvre aussi l’œuvre d’une cinéaste de talent avec la beauté des images, notamment celles des cohortes de femmes escaladant la colline, leur bassine de cailloux sur la tête et dont la silhouette se détache sur la lumière rouge des fumerolles mêlées à la poussière de la latérite. Sont montrés aussi la tendresse des femmes pour les petits enfants qui rient au milieu des cailloux, le sourire et la gaieté des casseurs et casseuses malgré la dureté du labeur, des moments de détente succédant aux heures de peine.

Le public a été unanimement  impressionné par la qualité du film, documentaire et esthétique, et touché  par l’empathie, doublée de respect, de la cinéaste pour les personnes qu’elle a filmées. La réception de la projection organisée à leur intention au bord du trou l’en a largement récompensée nous dit-elle.

 

Cinéma Le Sélect – Antony

Lundi 25 novembre – 18h30

  • Amal – Egypte – 83 min

 

Mohamed Siam est venu d’Egypte présenter son film Amal, un documentaire qui suit le parcours d’une adolescente vers l’âge adulte, après les événements révolutionnaires de la place Tahrir au Caire.

Michel Amarger l’interroge sur  les circonstances de sa rencontre avec la jeune Amal et l’élaboration de son projet. Cherchant à enquêter dans les camps opposés au cours des manifestations, le réalisateur a été frappé par la personnalité de cette adolescente atypique, très fortement marquée par la mort de son père qui l’adorait. Fille au milieu de garçons dans les affrontements avec la police, elle est d’une audace folle malgré sa petite taille et prête à toutes les confrontations et provocations. Le cinéaste la suit pendant une durée de 6 ans et lit à travers son itinéraire les lendemains qui déchantent, les désillusions, les emprisonnements, les deuils et finalement les compromis acceptés par les jeunes révoltés.  Mohamed Siam décrit sa méthode de montage, son souci d’intégrer des vidéos familiales d’enfance de la jeune Amal pour expliquer sa soif d’être aimée et reconnue. Il analyse son ambivalence, ses contradictions, la force de son énergie et sa résignation à rentrer dans le rang, une fois devenue jeune adulte, comme un animal poussé par un instinct de survie. Ce personnage auquel il s’est attaché n’en est pas moins reconnu par lui comme clivant et dérangeant.

Ce film est interdit en Égypte comme le précédent. Son projet de documentaire sur l’espoir a dû évoluer en fonction des réalités et Mohamed Siam est convaincu que le système, plus fort que les individus, a la capacité « d’apprivoiser la résistance ». Il n’en continue pas moins à filmer et il a voulu laisser une fin ouverte sur l’image d’Amal, enceinte, dont le visage s’éclaire d’un mince sourire, un peu énigmatique.

L’analyse que présente en français le réalisateur sur son travail avec un grand souci de précision montre la force de son engagement dans le cinéma, et elle a apporté des éclairages utiles aux spectateurs sur ce film original, touffu et parfois déconcertant.

 

 

Cinéma La Tournelle – L’Haÿ les Roses

Mardi 20 novembre – 20h – Soirée Kaouther Ben Hania

  • Les pastèques du cheik – 2018 -23 min                                                                           
  • La belle et la meute – 2017 -95 min

La soirée est consacrée à la talentueuse cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania dont nous suivons la carrière de près puisque nous avons déjà programmé quatre de ses films dans des éditions précédentes de Ciné Regards Africains. C’est d’ailleurs à cause de cette vitalité créatrice que nous sommes privés de sa présence parmi nous car elle travaille en ce moment à la postproduction d’un nouveau long métrage.

En présentant Les pastèques du cheikh, Michel Amarger parle d’un « délassement » que se serait offert Kaouther après l’âpreté de La belle et la meute. Cette comédie satirique a bien diverti le public. Véritable histoire à tiroirs, elle est très habilement structurée et joue sur des effets de surprise en proposant des dénouements successifs. Cette science du scénario est au service d’un regard critique audacieux, dénonçant les manipulations et malhonnêtetés d’un imam fraichement débarqué de Syrie qui sème la zizanie dans une paisible communauté musulmane traditionnelle.Si pour La belle et la meute, Kaouther Ben Hania s’est inspirée d’un fait divers relaté dans un récit publié en 2013, l’adaptation porte bien sa marque personnelle par le choix d’un resserrement de l’histoire dans le temps et d’une structure particulière. C’est en neuf plans séquences, numérotés comme les actes d’une tragédie, que nous est racontée, presque en temps réel, la nuit cauchemardesque d’une jeune fille après son viol par des policiers. Michel Amarger précise que ce procédé interdit une multiplicité de prises de vue, et explique le recours à des acteurs de théâtre plus aguerris. Il contribue à installer une tension croissante au fur et à mesure que l’héroïne, déterminée à porter plainte et à réclamer justice coûte que coûte, se heurte au mépris et aux menaces des représentants des institutions. Le film est haletant comme un thriller et le spectateur, embarqué avec la jeune fille, est partagé entre la compassion et l’admiration pour le personnage qui refuse de plier.

La dénonciation est sans appel et dans une Tunisie qui essaie de se recomposer, elle a contribué à mettre l’accent sur les injustices et dysfonctionnements scandaleux des institutions. La victoire finale de l’héroïne qui sort du labyrinthe des couloirs et des lieux de confinement dans la pleine lumière est accueillie avec soulagement par la salle. Les échanges s’appuieront essentiellement sur des commentaires portés sur l’attitude des différents personnages.

 

 

La Maison pour Tous Gérard Philipe – Villejuif

Mercredi 27 novembre – 19h

  • Duga (Les Charognards) de Abdoulaye Dao et H.E. Lengani – 2018 – 95 min

Ciné Regards Africains est toujours bien reçu à la MPT de Villejuif et la projection est précédée d’un petit buffet accueillant dans le hall d’entrée.

Tourné au Burkina Faso, le film de ce soir sera présenté et commenté par Dragoss Ouedraogo, originaire de ce pays et très bon connaisseur de sa culture en tant qu’anthropologue et critique de cinéma.

L’ami d’un homme qui vient de décéder se charge de faire transporter sa dépouille pour lui donner une sépulture, mais personne ne veut l’enterrer. A chaque tentative, il se heurte au refus des représentants des institutions ou des religions ainsi que des chefs traditionnels, au nom des principes ou par appât du gain : le mort ne leur convient pas. C’est finalement un groupe de sympathiques marginaux peu considérés qui vivent de récupération (les charognards) qui règlera la situation. Ces derniers sont en même temps en butte aux tracasseries de l’administration à cause d’un bébé abandonné qu’ils veulent recueillir.

Ces tribulations sont racontées sur le mode de la comédie satirique. Les personnages sont pittoresques, burlesques ou attachants, le rythme est apaisé et les affrontements ne sont ni âpres ni violents même si on y montre sans fard la cupidité, la corruption, l’absurdité administrative, et la dilution du tissu social. Malgré tout, cette société est capable de témoigner respect pour autrui et  gentillesse et cette tonalité contribue à l’originalité du film.  Répondant aux questions, Dragoss explicite la signification de certaines attitudes traditionnelles, le rôle joué notamment par la classe des forgerons, par les chefs coutumiers, le déroulement des rites funéraires etc… La perception du film, au-delà des sourires qu’il fait naître, s’en trouve approfondie, et c’est un voyage plaisant et dépaysant au Burkina Faso qui est ainsi offert aux spectateurs.

 

 

Cinéma La Tournelle – L’Haÿ les Roses 

Jeudi 28 novembre – 20h

  • En attendant les hirondelles- Algérie – 113 min

La salle de La Tournelle était bien remplie pour le très beau film de Karim Moussaoui.    Mouloud Mimoun, journaliste, ancien président du Maghreb des films qu’il anime  toujours activement, rappelle l’apparition en Algérie, depuis une dizaine d’années, d’une génération de jeunes réalisateurs remarquables dont fait partie Karim Moussaoui. Il transmet les regrets du réalisateur de ne pas être présent parmi nous et ses remerciements au festival pour avoir sélectionné son film.

 

 

 

 

 

 

Dans un texte lu par Mouloud, Karim Messaoui développe ses intentions : il a opté pour trois récits et une multiplicité de personnages pour mieux ausculter l’Algérie dans sa diversité. Il peut ainsi embrasser les questions majeures qui l’interrogent dans son pays et montrer des vies bousculées où passé et présent se télescopent et qui mettent chacun devant des choix décisifs. Les divers lieux où se déplacent et se rencontrent les personnages font traverser le pays du Nord au Sud et vers l’Est, dans des espaces qui évoquent l’enfermement et non l’ouverture vers la mer comme le fait remarquer une spectatrice. On a souligné aussi l’importance de la musique, depuis Jean-Sébastien Bach jusqu’à une musique populaire. Elle permet de faire ressentir sans paroles, le corps étant réhabilité, le désespoir, la sensualité et l’énergie qui ne demandent qu’à s’exprimer, notamment dans le 2e récit. La multiplicité des personnages, la succession de scènes très courtes et même les ellipses montrent la complexité des situations avec subtilité et profondeur. Les hommes et les femmes sont comme englués dans les contraintes, ils sont tiraillés entre leurs contradictions et le cinéaste ne les juge pas. D’où les interprétations diverses proposées par les spectateurs interpelés par ce film magnifique, prenant et désespérant à la fois.

Le film a été tourné en 2017 mais, depuis le 22 février 2019, des manifestations ont toujours lieu en Algérie. Dans une interview du 11 octobre 2019, Karim Messaoui affirme la détermination des Algériens en révolte à ne pas céder aux avances fallacieuses des pouvoirs et à poursuivre la lutte pour faire « arriver les hirondelles ».

 

Espace municipal Jean Vilar – Arcueil   –  Week-end de clôture

 Samedi 30 novembre- 18h – Séance de courts métrages en compétition pour le Prix du public


Gérard Najman, président d’Afrique sur Bièvre, présente aux spectateurs Madame Catherine Gobet, représentante de la Fondation MacMillan Stewart qui soutient généreusement les activités de notre association depuis quelques années. C’est grâce à ce soutien que nous avons décidé de concrétiser notre intérêt pour les courts métrages par la création d’un Prix du public, doté de 1000€, dans cette 13e édition du  festival. Nous avons pu inviter en France les 5 réalisat-rices/eur des 5 courts métrages sélectionnés pour la compétition en prenant en charge leur voyage et leur hébergement. Seuls 3 d’entre eux ont pu venir, Meryam Joobeur était retenue pour les repérages de son prochain film et  Karima Guennouni par l’impossibilité d’obtenir un visa, les délais imposés par le consulat étant scandaleusement longs malgré une demande précoce.

Daniel Breuillet, au nom de la municipalité d’Arcueil, adresse à tous un chaleureux salut, et se réjouit de constater, qu’avec Ciné Regards Africains, la salle Jean Vilar remplit pleinement sa vocation d’espace ouvert à toutes les cultures et à tous les publics.

Michel Amarger, avec son talent et son écoute habituels, animera toutes les séances du week-end. Il présente les réalisateurs présents et leurs courts métrages.

  • Brotherhood (Fraternité) de Meeryam Joobeur – Tunisie/Canada -2018 -25 min
  • Chambre n°1 de Leila Thiam -République centrafricaine – 2018 – 29 min
  • Ferraille de Karima Guennouni – Maroc – 2017 – 17 min
  • Marche arrière de Noha Adel – Egypte – 14 min
  • Des étés chauds et secs de Sherif El Bendary – Egypte – 2016 -30 min

Après la projection de chaque film, Michel Amarger interroge les cinéastes sur la naissance de leur vocation, les intentions qui les ont amenés à leur projet, les circonstances de tournage,  la réception de leur œuvre dans leur pays et à l’étranger, et leurs futurs projets . Même si leurs films sont très différents, ces jeunes cinéastes témoignent de la même passion pour le cinéma, de leur implication très poussée dans la recherche de financements, les repérages, le casting et la promotion de leur film.

 

 

Le public a été très sensible à la qualité et à la diversité des  courts métrages sélectionnés : Emotion devant la force et le  dénouement tragique de Brotherhood – grand intérêt pour le documentaire centrafricain Chambre n°1, et le quotidien d’une salle d’hôpital où sont rassemblées des accidentées de la route, pauvres, souffrantes et néanmoins pleines d’humour – rire massif devant cette scène de la rue cairote, traitée avec rythme, brio et humour et une observation aiguë des mentalités de la capitale égyptienne –  sympathie pour la jeune fille active et pleine d’une tendresse infinie à l’égard de son frère autiste – sourire enfin et attente pleine de curiosité pour la suite de l’histoire improbable qui fait se rencontrer une jeune fille  enjouée mais délaissée dans ses préparatifs de mariage et un vieillard très malade, perdu dans les embouteillages du Caire.

Le prix a été proclamé le lendemain, lors de la séance du dimanche. Le score était très serré et la récompense est allée à Des étés chauds et secs.

  •  21 h- Keteke de Peter Sedufia – Ghana – 2017 – 70 min

La soirée était bien avancée après une restauration assurée par des étudiants en médecine qui veulent financer leurs études et aider une organisation humanitaire au Togo : “Go Togo”.

Le film Keteke, très original, a bien plu par son humour, l’abattage des deux acteurs principaux et les péripéties dramatico- drôlatiques traversées par ces deux jeunes gens, futurs parents, perdus dans la brousse, en attente d’un train hypothétique. L’accompagnement musical et la fin digne d’un conte merveilleux en faisaient un divertissement réjouissant.

 

Espace municipal Jean Vilar – Arcueil  

Dimanche 1er décembre- 16h

C’est la dernière séance d’un Ciné Regards Africains particulièrement riche et chaleureux.

La chorale de l’Edim, « La voix est libre », cette année encore, nous met dans l’ambiance africaine avec des chants de pays d’Afrique interprétés avec brio et entrain. C’est une bonne introduction à la proclamation des résultats et à la remise du Prix du public pour le meilleur court métrage.

 

Madame Gobet félicite le lauréat Sherif El Bendary et lui remet un facsimilé géant du chèque de 1000€, tout en l’assurant avec le sourire que « le vrai » suivra.  Elle félicite les autres réalisatrices et remercie chaleureusement le président ainsi que  toute l’équipe d’Afrique sur Bièvre pour l’organisation et la réussite de cette édition 2019 .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La séance se poursuit avec la projection d’un très beau film Jusqu’à la fin des temps de Yasmine Chouikh – Algérie – 2017 – 97 min

En l’absence de la réalisatrice, retenue par son travail, c’est le producteur-monteur Abdelmalek Malik qui répond aux questions de Michel Amarger et des spectateurs sur les circonstances du tournage et les intentions de la réalisatrice.

L’atmosphère de ce film est particulière. L’action se situe dans un cimetière paisible, lieu de pèlerinage célèbre. Les herbes folles y sont doucement balancées par des brises qu’on imagine tièdes et les stèles blanches se détachent sur de superbes paysages de montagnes verdoyantes.  Dans ce décor où se succèdent des pèlerins de toutes conditions, venus se recueillir sur la tombe de leurs proches, la mort et la vie se côtoient sans heurts. L’amour y a aussi droit de cité, qu’il soit triomphant avec deux jeunes gens, Nassima et Jeloul, ou pudique, balbutiant, mais sincère entre les deux personnes d’âge mûr que la vie n’a pas épargnées. Tous les acteurs sont remarquables, surtout les interprètes de Djoher et Ali, les deux « anciens ». Incontestablement, le charme de ce long métrage a agi sur beaucoup de spectateurs, avec son rythme apaisé et ses personnages attachants et sa fin ouverte a continué d’alimenter les discussions en dehors de la salle.

 

Gérard Najman remercie Michel Amarger, l’équipe d’Afrique sur Bièvre et le cinéma Jean Vilar.  Il adresse aussi ses remerciements au public pour sa présence fidèle et attentive. Il l’invite à retrouver le souvenir de ces journées cinéphiliques avec les  photos et le compte-rendu qui figureront dans le site de l’association et il  lui donne rendez-vous à l’année prochaine.

 

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