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Journal de bord 2008

15 Novembre (soirée d’ouverture)

Après une traversée de Djamena avec Un taxi pour Aouzou, nous voici transportés, avec Tabataba, dans un village de Madagascar à l’heure de l’insurrection anti-coloniale de 1947. Après la projection, Raymond RAJAONARIVELO, le réalisateur, raconte les difficultés du tournage compliqué par les intempéries qui entraînent le recours au chaman et au sacrifice rituel de deux zébus, avec succès, précise Raymond, non sans sourire. Il insiste sur le fait que 20 ans après (le film est de 1988), et malgré l’indépendance du pays, beaucoup de situations de pauvreté et de soumission aux rumeurs (c’est le sens du mot Tabataba) n’ont pas changé.

18 Novembre (matin)

La grande salle de La Pléiade de Cachan retentit du joyeux brouhaha des élèves de CM1 et CM2. Avec l’obscurité se fait le silence mais bientôt des rires spontanés fusent de toutes parts, à toutes les étapes de la course du héros, Le clandestin, poursuivi par un gros policier noir comme lui. Puis, c’est Le sifflet : As THIAM est là pour présenter son film, un conte comme ceux que lui racontait sa grand-mère, dit-il. Après la projection, une forêt de mains se lève à toutes les rangées, pour une rafale de questions, fraîches et pertinentes, sur le déroulement du tournage, les acteurs et la signification de l’histoire.

18 Novembre (après-midi)

C’est au tour des collégiens. A la fin du film La caméra de bois, beaucoup auront de la peine à masquer leurs larmes. Et, lors du débat avec Olivier DELAHAYE, producteur du film, on parlera des acteurs qui interprètent les adolescents héros de cette histoire émouvante, des figurants ex-enfants des rues aujourd’hui en foyer, et plus généralement des townships et de la situation de l’Afrique du Sud de l’après apartheid.

20 Novembre (soirée ” Etalon d’or de Yennenga “)

Tout d’abord, Pièces d’identités : Gérard ESSOMBA MANY, qui interprète le rôle du roi des Bakongo à la recherche de sa fille en territoire étranger, apprécie l’accueil chaleureux du public pour le film et en rappelle le succès remporté à sa sortie en Belgique. C’est ensuite le choc, avec Ezra et la tragédie des enfants soldats. Les échanges qui suivent sont nourris, tant les acteurs sont restés durablement marqués par cette expérience et nombreuses les questions. Mariame N’DIAYE, vive et passionnée, raconte comment elle a vécu, elle la Parisienne, cette plongée en Afrique. La salle peine à reconnaître dans le sympathique Emil ABOSSOLO M’BO, le féroce sergent recruteur du film. Emil, qui fait aussi du théâtre, nous dit sa vocation d’acteur, sa conviction que le rôle du comédien est de révéler la vérité par son jeu et sa parole.

21 Novembre (matin)

Salle Jean Vilar à Arcueil, c’est autour d’écoliers de Gentilly et d’Arcueil de voir Le clandestin et Le sifflet. Cette fois encore, belle spontanéité et curiosité des enfants et même attention souriante de As THIAM dans ses réponses. Il faut interrompre le flot des questions et As quitte la salle entouré d’un groupe d’enfants avides d’échanges supplémentaires.

22 Novembre (soirée de clôture)

Bal Poussière, sorte de vaudeville africain qui aborde avec humour les questions de polygamie et d’émancipation des femmes, est l’occasion, pour Farida F’DANI (productrice) et Bernard DECHET (chef opérateur), de rendre un hommage chaleureux à Henri DUPARC, le réalisateur, décédé en 2006, dont ils regrettent le talent et l’amitié. Puis, avec Le silence de la forêt, c’est l’immersion au cœur d’une tribu pygmée. Nadège BEAUSSON-DIAGNE et Eriq EBOUANEY, les deux acteurs principaux, répondent avec un plaisir évident aux multiples questions sur leurs liens avec les petits hommes de la forêt, l’implication de ces derniers dans le tournage et leur perception du cinéma. La soirée s’achève par un riche débat sur la place des artistes « noirs » aussi bien en Europe qu’en Afrique.