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Journal de bord 2009

Notre association Afrique sur Bièvre porte particulièrement bien son nom cette année puisque la troisième édition de Ciné Regards africains a élargi son aire de diffusion en se promenant dans quatre villes sur sept de l’agglomération du Val de Bièvre, suivant en somme le trajet de la navette locale, « La Valouette ».

Dimanche 15 novembre à Fresnes

La MJC de Fresnes accueille une soirée consacrée aux pionniers du cinéma nigérien.
Pourquoi le Niger ? Comme le rappellent Monsieur BRIDEY, maire de Fresnes, qui souhaite la bienvenue à tous, et Madame BOURVIC, conseillère générale en charge de la solidarité et des relations internationales au département, la ville de Fresnes et le département du Val de Marne sont engagés dans une action pluriannuelle de coopération avec le district de Zinder au Niger et c’est une façon pour Afrique sur Bièvre de participer à ces échanges.
Pourquoi les pionniers? Parce que le cinéma africain – et en particulier le cinéma d’animation – est né au Niger grâce à l’impulsion de Jean Rouch. Ce dernier a su encourager et favoriser la vocation de jeunes Africains comme Mustapha ALASSANE, auteur de « Bon voyage, Sim » et « Kokoa », et Oumarou GANDA, auteur du « Wazzou Polygame », courts métrages projetés avant « Paris, c’est joli » d’Inoussa OUSSEINI qui représente la 2ème génération des cinéastes nigériens. Toutes ces informations sont apportées lors du débat avec le public par Mahamane Ousmane ILBO, spécialiste compétent et passionné de l’histoire du cinéma nigérien. Il en dresse un tableau très complet ; la production, après y avoir été abondante, s’est considérablement ralentie depuis les années 80. Cela explique la difficulté, évoquée par Jacques BOSC, de programmer des films récents. M.ILBO salue le rôle décisif joué par la France pour la constitution d’un patrimoine cinématographique dans son pays avant le reflux. Les échanges se prolongent autour d’un pot offert par la mairie de Fresnes, dans une salle où les spectateurs peuvent profiter d’une galerie photographique de portraits de travailleurs habitants de Zinder.

Mardi 17 novembre à Cachan

Le public scolaire est un public épatant, surtout quand on lui présente des films remarquables comme « Deweneti » de Dyana GAYE et « La petite marchande de soleil » de Djibril DIOP MAMBÉTY. Ils sont plus de 200 CM1 et CM2 de Cachan qui suivent avec une attention soutenue les déambulations et les aventures, dans le centre et le port de Dakar, de deux

enfants des rues fort attachants, un garçon, puis une fille, aussisensibles que malicieux et courageux. As THIAM nous a fait l’amitié de venir animer le débat, en l’absence de Dyana, « sa petite sœur du même quartier de Dakar que lui », retenue au festival d’Amiens, et pour rendre hommage à son ami Djibril, récemment décédé. Les questions sont nombreuses et diverses mais témoignent le plus souvent de réalisme et d’un sens aigu des injustices et des relations entre les différents enfants.


Mercredi 18 novembre à L’Haÿ-les-Roses

Même programmation sénégalaise qu’hier, mais cette fois les enfants des centres de loisirs sont nettement plus jeunes, à part quelques jeunes spectateurs venus avec leurs parents et quelques adolescents. Ne seront-ils pas gênés par le sous-titrage car les dialogues sont en wolof ? Non, pas trop, à en juger par leur attention et les questions posées à la fin, très naïves et souvent récurrentes. On voit qu’ils ont l’habitude de sortir au cinéma et ils ont été très bien accueillis et encadrés.

Jeudi 19 novembre à Arcueil, matin et après-midi

C’est au tour des écoles de Gentilly et d’Arcueil de suivre Ousmane et Sili dans les rues de Dakar. Même intérêt très vif des jeunes spectateurs, même avalanche de questions à la fin de la projection. L’équipe d’Afrique sur Bièvre, en l’absence d’intervenants extérieurs, donne des informations et, en faisant largement circuler le micro, amène les enfants à proposer eux-mêmes à leurs camarades des interprétations, souvent fort pertinentes, qui approfondissent le sens perçu à la projection. Le public scolaire est vraiment épatant !

Samedi 21 novembre à Cachan

Cette soirée « Coup de cœur et solidarité » est offerte par la ville de Cachan dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale.
Catherine RUELLE, journaliste à RFI et spécialiste du cinéma africain, introduit avec précision les deux films programmés, le court-métrage de Hachimiya AHAMADA,
une jeune réalisatrice comorienne, « La résidence Ylang Ylang », et «
Lecri du cœur », du

Burkinabé Idrissa OUEDRAOGO. Avec enthousiasme et passion, elle donnera au cours du débat son analyse des deux œuvres et répondra aux questions, accompagnées de nombreuses réactions personnelles, qui viennent d’une salle pleine.

Dimanche 22 novembre à Fresnes


Nous revoilà à Fresnes pour une séance hommage à Adama DRABO. Son film, « Fantan Fanga » est précédé de « C’est dimanche », court-métrage attachant de Samir GUESMI, primé au Fespaco 2009 et très apprécié par les spectateurs. Mais le débat portera sur le long métrage d’Adama. Nous avons en effet la chance d’avoir avec nous Laure BUDIN, monteuse du film),et Madame Thérèse-Marie DESFONTAINES, journaliste au journal Le Monde, qui connaît bien Adama DRABO, malheureusement décédé cette année, et son cinéma. Cette dernière nous retrace l’itinéraire du cinéaste immergé dans les villages de la brousse et les traditions ancestrales quand il a voulu être instituteur près du peuple, avant de revenir en ville. L’enquête menée par une jeune policière et un homme de théâtre progressiste aux prises avec l’obscurantisme et la corruption est suivie avec intérêt et le débat est animé ; certains apprécient la leçon d’énergie donnée par le réalisateur, d’autres trouvent le propos finalement assez consensuel. Tout le monde se retrouve autour d’un verre offert par l’association.

Jeudi 26 novembre

Avec une classe primaire à Arcueil
Aujourd’hui, Dyana GAYE est avec nous et on va vraiment parler cinéma, réalisation, langue des dialogues, comédiens professionnels ou amateurs, idée de scénario, rêve et réalité, coutumes sénégalaises et françaises etc… De toute évidence, ces élèves ont très bien préparé la séance avec leurs enseignants, ce qui n’exclut nullement une approche sensible et impliquée. Un public épatant !

A la Pléiade à Cachan pour une soirée panafricaine

Programme consistant aujourd’hui puisque nous avons deux longs métrages.
« La maison jaune », du franco-algérien Amor HAKKAR, touche les spectateurs par l’intensité, la pudeur et la poésie de cette fable, sur fond autobiographique, tournée dans les Aurès. En l’absence du réalisateur, prévu la veille encore, l’équipe d’Afrique sur Bièvre s’attache à donner des éclaircissements sur la genèse, les intentions et la réalisation du film.

Restauration rapide dans le hall du cinéma qui permet d’échanger les impressions et de savourer les préparations culinaires des membres de l’association.

Quand la salle se remplit pour le deuxième film, l’ambiance africaine est donnée par le conteur Makéna DIOP, qui nous raconte l’histoire édifiante du « Roi et l’Ermite ».
Puis, « La nuit de la vérité », de la réalisatrice burkinabée Fanta Régina NACRO, est présentée par le scénariste Marc GAUTRON, accompagné de Nara KEO-KOSAL, chef opérateur. Tragédie africaine, qui renvoie à Shakespeare et à la tragédie grecque, « La nuit de la vérité » raconte une tentative de réconciliation entre deux ethnies qui se sont entretuées dans une lutte fratricide. Sans être localisé dans un pays précis, le récit évoque évidemment des situations qui ont ensanglanté plusieurs pays d’Afrique et d’autres dans le monde contemporain. La tension qui imprègne le film se communique aux spectateurs qui échangent leurs impressions, dans la salle, puis dans la grange Galliéni, autour d’un verre offert par la mairie de Cachan.

Vendredi 27 novembre à Arcueil

Makéna DIOP est présent aujourd’hui en tant que comédien, pour accueillir des collégiens du Kremlin-Bicêtre et d’Arcueil qui vont assister à la projection d’un film angolais de Zézé GAMBOA, « Un héros ». Ce film riche, à la fois grave et divertissant, est tout à fait adapté à ce public qui manifeste sa satisfaction. Makéna rappelle l’histoire récente de l’Angola, déchiré par une guerre civile de vingt ans succédant à la guerre de libération contre le Portugal. Il parle du tournage, éprouvant, de son partenaire Manu, un enfant des rues non comédien, et répond aux questions sur sa performance d’acteur jouant un personnage unijambiste. Il est sûrement très convaincant car les enfants se pressent autour de lui pour recueillir des autographes !

Samedi 28 novembre à Arcueil
Soirée Fespaco 2009

A 18h, trois courts-métrages, « Sauver Rama », de Tahirou Tasséré OUEDRAOGO, sur la pauvreté impuissante devant la maladie mortelle, « Le poisson noyé », fable originale et jubilatoire du tunisien Malik AMARA, et «Waramutsého ! », de Bernard Auguste KOUEMO YANGHU, montrant la difficulté à rester amis pour deux jeunes gens, étudiants en Europe, après les massacres perpétrés dans leur pays, le Rwanda. L’un est hutu, l’autre tutsi. Bernard Auguste, présent avec un de ses acteurs, Clément NTHAHOBARI, dit son plaisir d’être là et de rencontrer Clément qu’il n’a pas revu depuis le tournage. Dans son souci d’insister sur ce qui peut rapprocher les humains et non les opposer, il n’a pas voulu, dit-il, faire jouer des Rwandais qui voulaient se saisir du film pour régler leurs comptes.

A 20h30, est programmé, en avant-première, « TEZA », de l’Ethiopien Hailé GERIMA, primé à

Venise, Carthage, et Etalon d’or au Fespaco 2009. GaëlBRUNET, professeur à l’INALCO, fait une présentation historique et géopolitique de l’Ethiopie pour faciliter la réception du film. Après la projection de ce film magnifique, tant pour sa beauté plastique que pour la richesse des thématiques abordées, Catherine RUELLE, tout juste arrivée du festival des Trois Continents à Nantes, retrace l’itinéraire cinématographique et idéologique du réalisateur qui vit depuis longtemps à Los Angeles, sans être d’ailleurs interdit de séjour dans son pays. Elle livre avec passion son analyse personnelle de l’œuvre de GERIMA. Elle lui reconnaît une dimension universelle qui dépasse le cadre de l’Ethiopie. Si tous les spectateurs ne partagent pas ce point de vue, l’admiration pour le film est largement partagée.