De Mohamed KORDOFANI – Soudan – 2022 ou 2023 – 120 min – fiction -VO STF
Prix de la liberté au Festival de Cannes 2023 (sélection officielle Un Certain Regard)
Fiche technique
Scénario : Mohamed Kordofani – Image : Pierre De Villiers – Son : Rana Eid – Montage : Heba Othman – Musique : Mazen Hamid – Décors : Sarah Awad – Costumes : Mohamed Elmur
Interprètes : Eiman Yousif, Siran Riak, Nazar Goma, Ger Duany – Producteur : Amjad Abu Alala, Mohamed Al-Omda- Production : Station Films – Distribution : ARP Sélection
Synopsis
Rongée par la culpabilité après avoir accidentellement causé la mort d’un homme sud-soudanais, Mona, ex-chanteuse nord-soudanaise, tente de se racheter, en accueillant chez elle comme employée de maison, Julia, la veuve du défunt, et son fils, Daniel. Incapable de confesser son crime à son mari, et encore moins à Julia, Mona décide de laisser le passé derrière elle et de s’adapter à cette nouvelle situation. Elle ne se doute pas que l’agitation qui gagne tout le pays va la confronter à ses mensonges.
Tout, a priori, séparait ces femmes, sauf une forme d’aliénation due à l’idéologie machiste dominante : Mona, arabe, musulmane, habite une maison cossue, Julia, noire africaine, chrétienne, vivait dans un bidonville de réfugiés avec son mari et son jeune fils. Petit à petit pourtant, se noue entre les deux une complicité qui fait fi des hommes, du racisme, de la religion.
C’est cette nouvelle relation que Mohamed Kordofani a choisi de traiter pour exposer le drame, ou, plutôt les drames, du Soudan qui ont fini par aboutir à la sécession du Soudan du Sud à la suite du référendum de janvier 2011. Suite de mini-suspenses tenant en haleine, le scénario entremêle habilement le politique et l’humain tout en posant la question d’une réconciliation que l’actuelle perpétuation de la violence au Soudan rend malheureusement illusoire. C’est le récit d’une émancipation féminine où deux actrices magnifiques, Eiman Yousif (Mona) et Siran Riak (Julia,) brillent dans les deux rôles. Militant pour la réconciliation des communautés, le recul des préjugés et du mensonge, Mohamed Kordofani a voulu réaliser un film classique, accessible à un large public, qui entrainerait une prise de conscience salutaire, avec de belles images et une interprétation féminine remarquable. Il ne se fait pas trop d’illusions, mais sa dénonciation du racisme des Arabes du Nord – qui ont toujours considéré les Africains du Sud comme leurs esclaves – et son appel à une relation apaisée et fraternelle, qui évitent la mièvrerie, touchent juste.
Le réalisateur
Mohamed Kordofani est un réalisateur, scénariste et producteur soudanais. Ingénieur aéronautique de formation, il a tout quitté pour fonder son propre studio de production et se consacrer à son long métrage Son premier court métrage Nyerkuk a remporté le prix Black Elephant du meilleur film soudanais, le prix NAAS du meilleur film arabe au festival de Carthage, le prix du jury au festival international du film arabe d’Oran et le prix Arnone-Belavite Pellegrini au FCAAA de Milan.
Son deuxième court métrage, Kejers Prison, est projeté pendant la révolution soudanaise sur la place où se tenait le sit-in devant des milliers de manifestants, et son documentaire A Tour In Love Republic est le premier film pro-révolution à être diffusé sur la télévision nationale soudanaise. This Is Sudan est un film de commande pour l’ancien premier ministre soudanais Abdallah Hamadok afin de promouvoir le potentiel du Soudan auprès des investisseurs.
Goodbye Julia , son premier long métrage de fiction présenté à Un Certain Regard en 2023, fait entrer le Soudan pour la première fois en Sélection officielle à Cannes.