L’équipe d’Asurb continue de faire le tour des festivals.
Au festival “Étonnants Voyageurs” à St Malo les 3/4/5 juin 2017 nous avons vu :
- Enquête au paradis de Merzak ALLOUACHE
- (Baya films/ les Asphofilms/2016/135mn)
A travers ce document-fiction, il réalise une autopsie de la société algérienne. Après avoir vu sur YouTube des vidéos de prédicateurs islamistes radicaux et la multiplication des attentats suicides il décide d’enquêter sur les représentations du paradis dans l’islam d’aujourd’hui en Algérie et leurs effets sur une société algérienne déboussolée. Il filme une journaliste d’investigation Nejma qui sillonne le pays et va à la rencontre de citoyens « ordinaires » et d’intellectuels. Nejma interroge particulièrement la prégnance de la croyance des 72 houris vierges qui attendraient les hommes au paradis. Et nous mesurons avec effroi l’impact des prêches radicaux sur des personnes (hommes et femmes) oubliés et sans espoir.
Kamel Daoud, également interviewé dans ce documentaire, qualifie ces vidéos de « porno islamisme ».
- La permanence d’Alice DIOP (Athénaïse/2016/96mn)
Pendant un an Alice Diop a filmé des consultations de médecine destinées à des migrants, la plupart dans l’attente d’un statut de réfugié délivré par l’OFPRA, à l’hôpital d’Avicenne à Bobigny. Dans ce lieu vétuste comme abandonné du monde, un médecin, une psychiatre et une assistante sociale reçoivent patiemment, sobrement ces hommes et femmes, malades marqués dans leur chair, qui disent la douleur de l’exil, de l’absence des leurs. Cet endroit devient un lieu de réconfort et d’humanité qui nous plonge, nous spectateurs, dans une réalité qu’il est en général très facile d’oublier. Dans ce film nous sommes loin des débats contradictoires sur les migrants et leur accueil. Nous sommes juste les témoins de leurs souffrances, de leur désespoir mais aussi de leur lutte pour ne pas sombrer et nous ne pouvons que nous identifier à eux.
- Ouvrir la voix d’Amandine GAY ( Amandine Gay/2016/120mn)
Un documentaire afro-féministe lumineux et sans concession qui donne la parole à 24 femmes noires sans cesse renvoyées à leur couleur de peau quelle que soit leur position sociale. Au fil des questions posées par la réalisatrice et des réponses données, nous découvrons le récit saisissant d’un quotidien empreint de préjugés ou de racisme. A partir des questions de la réalisatrice elles s’expriment sur le racisme, l’école, l’amour, le sexe, l’homosexualité, la dépression … Chacune se dévoile avec beaucoup d’authenticité, elles nous font partager leur réflexion lucide et distanciée sur leur condition de femme noire en France ou en Belgique. Et nous, les spectateurs, sommes bouleversés par ces témoignages qui nous font mesurer, voire découvrir, la difficulté d’être femme et noire en France.
- Chronique d’un été de Jean ROUCH et Edgar MORIN/Argos/1961/91mn).
A l’été 1960, en pleine guerre d’Algérie, Jean Rouch et Edgar Morin discutent d’un film à faire, un film qui interrogerait la société française. « Êtes-vous heureux ? » sera la question posée à des proches, des passants dans la rue, à une ancienne déportée … Les réponses obtenues demeurent un témoignage de premier ordre sur la France des années 1960. On assiste également à une expérience de « Cinéma-vérité » au sens où l’entendait Jean Rouch : « un cinéma-mensonges et ces mensonges, par un hasard singulier, sont plus vrais que la vérité… »