Le festival au jour le jour
Vendredi 23 novembre – Cinéma La Pléiade à Cachan
Gérard Najman, nouveau président d’Afrique sur Bièvre présente la programmation du festival 2018 et insiste sur sa diversité.
Le festival commence par un hommage à notre collègue et ami Alain-Gérald Lombion disparu brutalement en décembre 2017 auquel le festival 2018 est dédié.
Nous avons choisi pour la séance inaugurale de projeter le film d‘Alain GOMIS : “Félicité”
Catherine Ruelle, journaliste, spécialiste des cinémas d’Afrique anime la soirée et le débat.
Elle apporte des éclairages précieux sur ce film en parlant des trois niveaux de narration : la vie et la quête désespérée de Félicité pour trouver de l’argent pour l’opération de son fils, le monde imaginaire présent à travers des images d’eau et de forêt, la nuit et la musique omniprésentes dans le film.
Elle parle de l’actrice Véronique Beya Mputu et de son étonnante présence à l’écran et explique que la chanteuse qui a inspiré le personnage, Muambuy, l’a coachée. Elle lui a appris à danser et à chanter.
Catherine Ruelle insiste sur le fait que la ville de Kinshasa n’est pas pour Alain Gomis un décor, mais bien un personnage à part entière. Il a d’ailleurs confié à Dieudo Hamadi (réalisateur de RDC, spécialiste des films documentaires) le soin de tourner les images de la ville.
Quelques photos de la séance du 24 novembre :
Samedi 24 novembre – Cinéma La Pléiade à Cachan
Séance de 18h : Soirée hommage à Idrissa Ouedraogo
“Mama Bobo”, court métrage sénégalais d’Ibrahima SEYDI et Robin ANDELFINGER, ou comment le temps sépare les vieux couples et bouleverse les villes.
“Tilaï “ (La loi) de Idrissa Ouedraogo (Burkina Faso) (Grand prix du Festival de Cannes 1990 –Etalon d’or de Yennenga au FESPACO 1991)
La séance est présentée par Gérard Najman président d’Afrique sur Bièvre, qui explique la règle du jeu-concours, et le court métrage est annoncé et commenté par Françoise Boissière .
Dragoss Ouedraogo, anthropologue, critique de cinéma et réalisateur burkinabé, assurera la présentation des deux longs métrages de la soirée et animera les débats.
Avec” Tilaï”, réalisé en 1990, Idrissa Ouedraogo, traite de l’universelle question de la liberté et du bonheur individuel confrontés à une tradition rigoriste.
Le film a été tourné dans la frange sahélienne du Nord du Burkina Faso ; les paysages dénudés de cette région où se détachent à l’horizon des villages couleur de terre et de paille, isolés les uns des autres, constituent un décor épuré à cette tragédie d’amour et de mort, sobre et puissante à la fois. La loi du clan est implacable et toute transgression apporte le déshonneur et la mort. Mais les droits de l’amour et de la vie sont défendus par les jeunes gens et les femmes. Sans prendre explicitement parti, le film tire sa force de la gravité des enjeux, de l’interprétation des acteurs et de l’inéluctabilité du dénouement.
Dragoss Ouedraogo insiste sur le rôle joué par le clan dans l’Afrique rurale traditionnelle, et dont il reste des survivances, même si la société a évolué.
Nous étions heureux de rendre hommage, avec ce très beau film, à une des figures emblématiques du cinéma africain récemment disparue.
Séance de 20h30
“Nirin”, court métrage malgache de Josua HOTZ ou comment un petit garçon très attachant se voit séparé de sa mère et de ses frères par la pauvreté.
“Le train de sel et de sucre” de Licinio AZEVEDO (Mozambique)
Avec la proposition de restauration rapide d’une association mozambicaine , nous étions déjà transportés dans l’Afrique lusophone, avant même la projection.
Celle-ci a été honorée par la présence de Monsieur l’ambassadeur du Mozambique en France, Alberto Maverengue Augusto, dont les interventions ont été traduites par Renaud Thomas président de l’AMAMoz (Association des Mozambicains et amis du Mozambique en France).
Etaient également présentes Mme Hélène de Comarmond, maire de Cachan et Mme Claire Marti, adjointe à la culture.
Avec “Le train de sel et de sucre”, c’est à une sorte de western que nous assistons. Sur fond de guerre civile et d’affrontement entre l’armée et des rebelles insaisissables, un train au parcours interminable emmène des femmes au Malawi pour commercer sous la protection toute relative de soldats . Des péripéties nombreuses, des personnages bien typés chez les officiers et le personnel des chemins de fer, des rivalités amoureuses, des femmes à la merci des convoitises des soldats mais solidaires, de rares moments d’accalmie et d’espoir, on ne s’ennuie pas . Le réalisateur sait filmer et sa carrière de journaliste et de documentariste se fait sentir dans le réalisme des situations évoquées.
Dragoss Ouedraogo donne de façon utile des éclaircissements sur la situation politique très conflictuelle du Mozambique après son indépendance, avec la lutte qui opposait deux mouvements, le Frelimo d’obédience marxiste et le Renamo, soutenu par l’Afrique du Sud et la Rhodésie. L’ambassadeur préfère parler de la paix qui règne actuellement au Mozambique, du redressement économique après les dures années de guerre et il invite avec le sourire les spectateurs à venir nombreux comme investisseurs ou touristes dans son pays .
Quelques photos des séances du 24 novembre :
Dimanche 25 novembre – Cinéma La Pléiade à Cachan – 16h
“Le ruisseau, le pré vert et le doux visage” de Yousry NARALLAH (Egypte)
C’est un film haut en couleurs qui est au programme ce dimanche. Il sera présenté par Michel Amarger, spécialiste du cinéma africain et fidèle partenaire de notre festival.
Ce dernier rappelle d’abord la carrière de Yousry Nasrallah, ancien assistant de Youssef Chahine, et son intérêt, documentaire, pour les réalités de son pays. Le film présenté aujourd’hui se situe dans le registre de la comédie truculente et populaire sans pour autant négliger des aspects moins riants de la société égyptienne actuelle. Michel Amarger nous invite à profiter, dans cet après-midi pluvieux , de la musique et des réjouissances de ce banquet de mariage même si on peut les trouver un peu « too much » !
Ce film est assez étonnant, au regard de ce qu’on attend d’une société musulmane actuelle, par sa liberté de ton, la sensualité qui se dégage de la plupart des personnages, l’exubérance de la fête où amour, cuisine et musique s’entremêlent et certains spectateurs se demandent comment il a pu échapper à la censure. En fait, dans la lettre, les interdits sont respectés grâce à des ellipses, fait remarquer Michel Amarger. Il n’en reste pas moins que l’hypocrisie et la violence présentes dans la société égyptienne sont plus que suggérées.
Les spectateurs se retrouvent ensuite à la grange Galliéni autour d’un verre offert par la mairie de Cachan.
Quelques photos de la séance du 25 novembre :
Mardi 27 novembre – Cinéma La Tournelle à L’Hay les roses
“Les Bienheureux” de Sofia DJAMA
En présence de l’actrice Hadjar Ben Mansour.
L’action des “Bienheureux” se situe à Alger, en 2008, quelques années après la guerre civile et se concentre dans le cours d’une soirée et de la nuit qui suit. Ce film choral, à ancrage documentaire et historique , suit en parallèle des personnages appartenant à deux générations différentes, les lieux qu’ils fréquentent, les gens qu’ils rencontrent. La réalisatrice veut faire sentir, à travers différentes situations, la chape de plomb qui pèse sur l’Algérie, l’immobilisme d’une société, ses contradictions, son hypocrisie, la bigoterie qui s’est installée , et les séquelles persistantes, dans les cœurs et les esprits, de la « décennie noire » qui a semé massacres et deuils. Le milieu qu’elle met en scène est celui de la bourgeoisie francophone cultivée qui avait placé tous ses espoirs dans l’indépendance. Elle a désormais perdu ses illusions et réagit, soit par le désespoir et le désir de partir soit par la résignation et la nécessité de s’en accommoder. La génération des enfants, qui va à l’université, n’a pas les mêmes nostalgies mais elle aspire à l’émancipation et à l’ouverture au monde. Elle essaie de s’inventer une liberté « dans un espace qui les contraint à l’absence de liberté justement . Comment vivre dans un pays qui nous est de moins en moins destiné ? La question est posée surtout à travers le regard de deux femmes de deux générations mais elle concerne tout le monde. Il faut parler des choses d’un point de vue historique ; il faut en parler pour retrouver du sens. » déclare Sofia Djama qui veut croire à la capacité de résistance de la jeunesse.
Elle témoigne en tout cas d’un courage certain pour consacrer un long métrage à ces problèmes. Le film toutefois n’a pas subi de censure et vient d’obtenir son visa d’exploitation en Algérie annonce Hadjar Ben Mansour . Quelques projections ont déjà eu lieu devant des publics restreints mais il y a très peu de salles de cinéma en Algérie.
Cette incursion dans l’Algérie contemporaine a beaucoup intéressé les spectateurs. Hadjar a donné des éclaircissements sur des personnages un peu énigmatiques, elle a explicité ou confirmé la signification de scènes de la vie courante qui constituent le quotidien des Algérois même si, répondant à une objection d’une spectatrice algérienne, elle précise que la réalisatrice a annoncé clairement qu’elle s’était attachée à peindre un certain milieu qu’elle connaît de l’intérieur. Le film est d’ailleurs dédié à la mémoire de ses parents disparus
Quelques photos de la séance du 27 novembre :
Autour du festival : mercredi 28 novembre – Gentilly – Maison des familles
Séance intergénérationnelle organisée par la ville de Gentilly en partenariat avec Afrique sur Bièvre
Plusieurs générations étaient rassemblées ce mercredi après-midi : des enfants du centre de loisirs, des dames des ateliers sociolinguistiques avec leurs animatrices (la séance avait été précédée par une préparation dans les locaux des centres avec des membres d’AsurB), des personnes retraitées, des amis et des parents.
Deux films étaient au programme, un court métrage mozambicain et un moyen métrage sénégalais et les échanges ont eu lieu après chaque film
“A tropical Sunday” (Un dimanche tropical) de Fabian RIBEZZO , met en scène un groupe d’enfants des rues à Maputo, la capitale du Mozambique. C’est dimanche, les familles se pressent dans une fête foraine . Les quatre enfants , trois garçons et une fille, mendient de table en table, diversement reçus, pour recueillir des restes de nourriture et quelques pièces de monnaie. Ils voudraient bien faire un tour de manège mais ils sont chassés de partout. Quand un concours de danse est annoncé, ils s’activent tous pour improviser un costume “de scène” pour le plus petit, très doué, dont la prestation à la Michael Jackson remporte un gros succès et lui permet de gagner un prix qui profitera au groupe.Le lendemain, dès l’ouverture des manèges, ils s’élèvent seuls vers le ciel, le sourire aux lèvres et la joie au cœur.
Ce film a ému les spectateurs, pleins de compassion pour ces enfants en haillons, rejetés parfois brutalement mais leur débrouillardise et leur solidarité, qui ont fini par triompher, ont été soulignées et admirées.
“Un transport en commun”, de Dyana GAYE, a beaucoup plu. C’est une sorte de comédie musicale , tournée en plein centre de Dakar, qui met en scène les passagers d’un taxi collectif à destination de Saint-Louis, depuis l’attente d’un septième passager pour partir au complet, jusqu’à l’arrivée, en passant par les embouteillages, les accidents et les rencontres entre participants réunis le temps d’un voyage . Chacun des passagers évoque en chanson son histoire personnelle et la raison de son départ , la musique étant appropriée à chaque cas. Les interventions personnelles alternent avec des chorégraphies d’ensemble qui démarrent sur un arrière-plan de foule à différentes étapes du parcours. L’ensemble est dansé et chanté avec entrain et humour, avec les codes de la comédie musicale mais sur fond réaliste sénégalais. Un divertissement plein de gaieté qui fait en même temps voyager.
Un goûter copieux et savoureux, préparé par les ateliers cuisine des centres socioculturels, et partagé au milieu des conversations amicales, a parfaitement clôturé cette rencontre.
Mercredi 29 novembre – cinéma Le Sélect à Antony 18h
C’est la première fois que Ciné Regards Africains propose une séance du festival au cinéma le Sélect et malgré le créneau horaire l’assistance est nombreuse.
Deux films sont à l’affiche présentés par Claudine Sola, membre d’Afrique sur Bièvre:
“Black mamba” un court métrage tunisien de Amel GUELLATY raconte l’histoire originale et forte de Sarra qui mène, en apparence, la vie ordinaire que sa mère lui a tracée et s’apprête à épouser un gentil garçon.
Cependant, Sarra pratique la boxe en cachette et grâce à son courage et à sa pugnacité elle va réussir à échapper à son destin.
Suivi de
“Wulu” de Daouda COULIBALY (Sénégal/France) qui a reçu le prix Ousmane-Sembene au FESPACO en 2017.
Bamako, au Mali. Ladji,a 20 ans. Il est « prendticket » c’est dire convoyeur dans un taxi-brousse et il espère devenir un jour chauffeur. Lorsque cette place convoitée lui échappe au profit d’un candidat pistonné, il se tourne vers le trafic de drogue qui lui offre une ascension rapide et rémunératrice dans un pays gangrené par la corruption.
Ladji est prêt à tous les risques, mais au fond c’est une victime. Il est sérieux, travailleur, intelligent, rusé, il méritait mieux.
Le producteur du film Eric Névé qui a répondu à l’invitation d’Afrique sur Bièvre apporte des éclairages très intéressants sur le film :
Tourné entre le Mali et le Sénégal, avant l’offensive islamiste de 2012 le film éclaire la crise politico-militaire qui frappe le Mali où le trafic de drogue a servi à financer le terrorisme. Un général de l’armée qui accepte de se faire graisser la patte, un patron français qui pilote en sous-main le trafic de drogue, laissent entrevoir un système corrompu au plus haut niveau. Le long-métrage se permet d’ailleurs un clin d’œil à l’affaire Air Cocaïne : cet avion retrouvé calciné dans le désert, dans le nord-est du Mali alors qu’il assurait le trafic de drogue entre Amérique du Sud et Europe… grâce à des complicités au sommet de l’État malien et à l’appui de notables occidentaux.
Le réalisateur Daouda Coulibaly souhaitait pour son personnage principal un acteur malien qui maîtrise notamment le bambara, mais c’est finalement Ibrahim Koma qu’il choisit dont la présence impressionnante, et l’impassibilité tirent le récit du côté de la tragédie.
Pour Éric Névé, « c’est un film d’abord pour un public africain », qui « parle de l’Afrique d’aujourd’hui, de la manière dont la jeunesse se heurte au chômage ». Le film a d’ailleurs été projeté en Afrique où il a été bien accueilli notamment par les jeunes qui se reconnaissent dans le personnage de Ladji et les problèmes qu’il rencontre.
La discussion s’est poursuivie autour d’un verre dans le hall du cinéma
Quelques photos de la séance du 28 novembre :
Jeudi 29 novembre – Cinéma La Tournelle à L’Hay les roses
“Aya” de Moufida FEDHILA, court métrage tunisien
Nous sommes dans une famille tunisienne sous influence salafiste que la communauté surveille d’autant plus étroitement qu’elle a prise sur le chef de famille qui lui doit ses conditions de travail. C’est à travers le regard et les interrogations d’une adorable petite fille de 7 ans environ, vive et gaie, que la réalisatrice présente la situation. Aya voit sa mère recluse à la maison, contrainte de porter le niqab, dénoncée à son mari par des voisins, empêchée d’aller voir sa mère souffrante ; elle-même s’ennuie à l’école coranique sous la férule d’un maître très sévère qui la punit et se plaint durement d’elle à ses parents, elle est interdite d’école publique et de sortie alors qu’elle aime jouer au cerf-volant avec un petit garçon du voisinage. Le scandale arrive le jour où, pour voir Allah « en direct » comme une de ses camarades de classe s’en vante, elle revêt un niqab sacrilège pour une enfant et déguisement de Batman pour les enfants de l’école publique qui se moquent cruellement d’elle. Est-ce de sa part résultat d’une instrumentalisation ou provocation ? le propos de la réalisatrice, qui promeut un « cinéma de l’enfant » pour la prise de conscience, est en tout cas clair : dénoncer le conditionnement religieux obscurantiste. L’étreinte étroite de la mère qui console dans ses bras sa petite fille à la fin du film l’exprime nettement.
“Ouaga girls” de Théresa TRAORE DAHLBERG, long métrage Burkina faso/Suède/France
Un groupe de jeunes filles, marquées par un passé familial et scolaire difficile, bénéficie d’un programme d’insertion pour se former en carrosserie automobile dans le cadre de la politique d’émancipation des femmes voulu par Thomas Sankara . La réalisatrice, qui a su gagner leur confiance et capter leur authenticité devant la caméra, les suit au jour le jour dans leur apprentissage théorique et pratique, leurs échanges avec les professeurs, avec une psychologue ou au bureau du planning familial. Elle fait partager leurs périodes de pause, leurs loisirs en boite de nuit, leurs conversations plus intimes, leurs chagrins et leurs moments d’insouciance et de folle gaieté. Féministe sans être didactique, le film montre des femmes jeunes et belles, courageuses et insouciantes, chaleureuses et solidaires entre elles, pleines d’humour et de gaieté . La bande son, très dynamique, contribue au charme de ce documentaire original.
Mathieu de Faucal, distributeur, a donné des éclaircissements sur la genèse du projet, sur les conditions de tournage et sur les intentions de Thérésa Traoré Dahlberg, retenue en Suède.
Quelques photos de la séance du 29 novembre :
Vendredi 30 novembre – Maison pour tous Gérard Philipe à Villejuif
“Le Bleu Blanc Rouge de mes cheveux” de Josza ANJEMBE, court métrage France /Cameroun (Ou la ferme détermination d’une brillante étudiante d’origine camerounaise à obtenir la nationalité française et à s’engager dans des études de sciences politiques en dépit de l’opposition de son père et des tracasseries de l’administration.)
“Une saison en France” de Mahamat-Saleh HAROUN , long métrage France/ Tchad
C’est avec une grande économie de moyens que le grand cinéaste tchadien fait partager la vie quotidienne d’Abbas, ancien professeur de français, qui a fui la guerre civile dans son pays et cherché refuge en France avec ses deux enfants. Il réussit en montrant, sans pathos, mais avec sensibilité et pudeur, l’extrême dignité des personnages, l’organisation de la vie familiale pour reconstruire l’humanité, le travail salarié, la scolarisation des enfants, les moments de joie, d’amitié et d’amour avec Carole avec laquelle Abbas reconstitue une famille. Et quand, après les angoisses et les douleurs rentrées, le couperet du rejet de la demande d’asile fait basculer plusieurs vies, la force de l’émotion ressentie par les spectateurs naît du regard porté par le cinéaste sur les visages, du jeu des acteurs tout en intériorité et en pudeur, des silences qui accompagnent le départ et l’absence. Implacable aussi est le destin de l’ami Etienne, débouté du droit d’asile et que la grande solitude conduit à renoncer à la vie.
Le musicien et acteur Bibi Tanga, interprète de ce personnage très attachant, qui était présent à Villejuif, a donné des informations au public sur le tournage du film et dit son plaisir et sa fierté d’y avoir participé.
Quelques photos de la séance du 30 novembre :
Samedi 1er décembre – Cinéma Jean Vilar à Arcueil
Par cette programmation, Afrique sur Bièvre, a voulu s’associer à la ville d’Arcueil qui a célébré cette année le centenaire de la naissance de Nelson Mandela et le trentième anniversaire de l’assassinat de Dulcie September. Mr Christian Métairie, maire d’Arcueil, a ouvert par son discours la première séance à Jean Vilar. Michel Amarger assurera la présentation des films et l’animation des débats pendant les deux journées. Il souligne la diversité d’approches offerte aux spectateurs sur l’Afrique du Sud.
Samedi 18h – “Ellen Pakkies” de Daryne JOSHUAen présence du réalisateur venu spécialement d’Afrique du Sud.
Le film , dont les sous-titres français ont été assurés par l’association Afrique sur Bièvre, était présenté en avant-première en France. Daryne Joshua a rappelé les circonstances dans lesquelles il a été amené à réaliser un film à partir d’un fait divers tragique survenu quelques années auparavant dans un quartier difficile de Cape Town, les Cape Flats.
Il a rencontré Ellen Pakkies en personne, a été très touché par la tragédie de cette mère amenée à tuer son fils totalement aliéné par la drogue et il a été heureux de trouver une actrice capable d’incarner ce personnage avec authenticité grâce à la connaissance qu’elle avait des lieux du drame. Le film a été tourné au sein du township dans la maison des Pakkies. Fondé sur des allers et retours entre étapes du procès et succession des épisodes ayant abouti au meurtre, le film est très prenant et a rencontré l’adhésion des spectateurs.
L’ association “Go Togo” animée pat des étudiants en 2ème année de médecine au CHU du Kremlin Bicètre a proposé, entre les deux séances, un buffet pour financer une action humanitaire au Togo.
Samedi 21h –” The african Cypher” de Bryan LITTLE.
Ce documentaire musical a été tourné par un collectif de jeunes gens, Fly on the Wall, qui s’intéresse au milieu de la danse de rue dans les ghettos de Cape Town. Il est consacré au « pantsula », une danse née dans un mouvement contestataire pendant l’apartheid qui servait à exprimer la colère devant les injustices et la ségrégation. Mais au delà d’un exutoire, ce genre de hip hop veut aussi incarner un mode de vie qui fait échapper au monde des gansters, de la prison et de la drogue. Avec des vertus socio-éducatives ( il forme aussi des enfants), il ambitionne de trouver sa place dans le mouvement d’émancipation et de démocratisation qui agite le pays. L’énergie des danseurs, leur implication quasi philosophique dans leur art, leur talent acrobatique et les rythmes des musiques qui les accompagnent sont restitués dans un foisonnement de scènes qui fait parfois regretter un montage qui serait plus serré et moins répétitif.. Mais l’originalité et l’enthousiasme de ces jeunes danseurs constituent un contrepoint rafraîchissant aux situations dramatiques qui caractérisent le plus souvent la société sud-africaine contemporaine.
Quelques photos de la séance du 1er décembre :
Dimanche 2 décembre – cinéma Jean Vilar à Arcueil
Accueil avec la chorale de l’EDIM « La voix est libre » qui interprète avec chaleur des chants emblématiques de l’Afrique du Sud.
“Kanye Kanye”de Miklas MANNEKE, un court métrage très inventif et très coloré, mêlant animation et scènes filmées.
Avec poésie et humour, ce conte montre comment les deux camps ségrégués d’une ville finissent, grâce à l’amour de deux jeunes gens, par franchir la frontière qui sépare les rouges et les verts pour se regrouper en une joyeuse communauté.
“La caméra de bois”, long métrage de Ntshavheni WA LURULI, initié et produit par Olivier DELAHAYE, présent dans la salle.
Situé à Johannesburg, le film suit la destinée de deux adolescents des townships, amis et frères de sang, Elle va être dictée par le choix qu’ils font, pour Madiba d’une caméra , et pour Sipho d’un pistolet qu’ils ont trouvés sur un cadavre. L’un porte un regard de poète sur le monde avec sa caméra, l’autre plonge dans la délinquance au sein d’un gang de rue. Ils font la connaissance d’Estelle, une jeune blanche en rébellion contre sa riche famille. La première génération qui n’a pas connu l’apartheid se trouve partagée entre la violence de la misère sociale et l’espoir d’un monde nouveau sans préjugés et ouvert à l’art, grâce en particulier à un professeur de musique blanc qui prodigue son enseignement sans exclusive.
Le plaisir ressenti à la projection de ce très beau film s’est enrichi des interventions d’Olivier Delahaye, enthousiastes et très circonstanciées. Il a raconté la genèse du film, les péripéties des rencontres avec les financeurs du projet, le réalisateur et les acteurs, le tournage à Johannesburg. Il connaît bien l’Afrique du Sud et décrit la situation à l’époque de la réalisation du film (2003).
C’était vraiment une bonne séance de clôture, avec en point d’orgue la dernière diffusion de la bande annonce d’Andress Kandé.
Gérard Najman, le président, qui associe toute l’équipe d’Afrique sur Bièvre à l’organisation de Ciné Regards, est heureux d’avoir pu montrer avec le festival la diversité et la qualité des cinémas d’Afrique, il remercie le public pour sa fidélité, Michel Amarger pour son accompagnement compétent et chaleureux et l’équipe de Jean Vilar : la directrice Charlotte Verna pour son accueil et l’équipe technique autour de Denis pour son professionnalisme et son aptitude à maîtriser la diversité des supports de films récents, qui n’ont pas été distribués et qui arrivent de toute l’Afrique. Michel Amarger, en spécialiste, s’associe à cet hommage.
La soirée se termine joyeusement par un cocktail offert par le cinéma tandis que sont proclamés les résultats du jeu concours.
Quelques photos de la séance du 2 décembre :
Clap de fin ! Afrique sur Bièvre vous dit à l’année prochaine
pour la 13e édition de CINE REGARDS AFRICAINS